Les Chaumes du Verniller :

la nécessité d'une protection ... et l'urgence d'une gestion conservatoire.

Sur les communes de La Chapelle-Saint-Ursin et de Morthomiers, les Chaumes du Verniller sont composés de trois sites éclatés : le Tusiau à Morthomiers (0,95 ha), les Carrières à La-Chapelle-St-Ursin (8,3 ha) et les Chaumes du Verniller, à proprement parler (70 ha).

Cet ensemble naturel est renommé depuis le 19 ème siècle pour ses milieux calcicoles à la richesse floristique exceptionnelle, et notamment pour ses pelouses calcicoles.

Qu'est ce qu'une pelouse calcicole ?


Une pelouse calcicole, appelée également pelouse sèche, chaume (en Berry) ou causse, est une formation végétale herbacée plus ou moins aride installée sur des sols superficiels calcaires, pauvres en éléments nutritifs.

Les pelouses sèches sont étroitement liées à la présence de l'Homme. Ces milieux résultent d'un défrichement ancien et d'un entretien traditionnel par pâturage. L'abandon de ces pratiques aboutissent à la fermeture des pelouses sèches par enfrichement et à la disparition des espèces qui lui sont inféodées.

Les Chaumes du Verniller : un haut-lieu botanique

Les pelouses calcicoles et bois thermophiles des Chaumes du Verniller hébergent un cortège floristique quasi-unique dans le Sud du Bassin parisien.

Cette richesse et diversité incomparables proviennent d'une grande originalité floristique puisque les Chaumes du Verniller, et le Berry, se situent au carrefour de différentes aires biogéographiques. Ainsi, sur un même espace, se côtoient des plantes d'affinités atlantiques, méditerrannéennes, montagnardes et continentales.

Dans ce haut-lieu botanique, 396 plantes ont été recensées dont 2 plantes protégées en France (Sabline des Chaumes et Euphraise de Jaubert), 20 espèces protégées en région Centre et 54 espèces rares pour la région Centre.

Au sein de cet unique panel d'espèces rares et protégées, je citerai trois espèces exceptionnelles à plus d'un titre :

      - la Marguerite à feuilles de graminée (Leucanthemum graminifolium), plante endémique française, qui fleurit en          mai sur les points chauds du site.

      - l'Armoise camphrée (Artemisia alba), qui n'est connue, en région Centre, que des Chaumes du Verniller.

      - l'Hysope du Berry (Hyssopus officinalis subsp. officinalis var. decumbens), cette variété botanique, quasi-                      endémique du Berry, n'est connue que des causses de la Chapelle-Morthomiers et de Dun-sur-Auron.

C'est avant tout pour cette raison botanique que les Chaumes du Verniller (80 ha) bénéficient d'une procédure de classement en Réserve Naturelle Nationale.

Armoise camphrée  

 Marguerite à feuilles de graminée 

          Hysope du Berry      

Les papillons : de formidables bioindicateurs.

Comparés à la pression des botanistes, peu d'inventaires sur les insectes ont été réalisés sur les Chaumes du Verniller, hormis par Jean LESIMPLE. Et les surprises furent d'autant plus fortes.

En effet, les inventaires ont permis la découverte en 2006 de 61 espèces de papillons de jour (soit la moitié des papillons de jour de région Centre !!) dont 25 espèces rares pour la région Centre. Je citerai, parmi elles, le Grand Nègre des bois et le Moiré sylvicole mais, aussi, cette étude a relevé la présence de deux espèces protégées en France et figurant à l'annexe IV de la directive Habitats : la Bacchante (Lopinga achine) et, surtout, l'Azuré du Serpolet (Maculinea arion). Ce dernier n'avait plus été observé dans le département du Cher depuis 1879 par Maurice SAND.

Outre la présence d'espèces rares et protégées, les papillons se révèlent être un témoin fidèle du bon état écologique d'un milieu naturel.

En effet, ces insectes sont les symboles de la vie en symbiose avec la végétation. Les papillons ont besoin pour pondre et pour permettre le développement des chenilles d'une ou plusieurs plantes-hôtes, qui vivent selon des exigences écologiques précises. Quant les milieux ouverts se dégradent faute d'entretien, ces conditions écologiques se détériorent également. Ainsi, ces populations de plantes-hôtes viennent à régresser voire à disparaître et, avec elles, les papillons.

Ainsi, l'inventaire mené en 2006 a révélé que certains papillons patrimoniaux (la Lucine, l'Azuré des Cytises, la Virgule) liés aux pelouses calcicoles présentent de faibles populations et que d'autres espèces (la Mélitée orangée, la Mélitée du plantain et la Mélitée des Centaurées) ont tout simplement pas été observées.

Azuré du Serpolet 

    Grand Nègre des bois 

Mélitée orangée 

Ce bilan, confirmé par l'analyse botanique, laisse apparaître que les pelouses calcicoles, qui sont les milieux-phares des Chaumes du Verniller, présentent un mauvais état écologique qui soulignent l'urgence d'une gestion conservatoire.

Le plan de gestion : un outil d'aide à la gestion conservatoire.

Le plan de gestion est élaboré de manière à organiser la gestion d'un espace naturel pour une période de 6 ans (2007-2012) au terme de laquelle il est renouvelé.

Il a donc pour mission de collecter, d'analyser et de hiérarchiser tous les éléments de connaissance du site (les milieux naturels et sa cartographie, la flore, les insectes et les vertébrés) afin que les enjeux de conservation des espèces et des habitats soient les plus objectifs possibles.

Ces choix impliquent ensuite la prescription de modalités de gestion conservatoire (fauche de pelouses, débroussaillage et abattage de fruticées et de bois…).

Texte et Photos : Serge GRESSETTE  Chargé d'études scientifiques

Conservatoire du Patrimoine Naturel de la Région Centre